Symbole d’un monde du travail obsolète, le contrat à durée indéterminée reste le sésame incontournable pour avoir l’illusion de bâtir sa vie, en particulier pour se loger ou accéder à la propriété.
Les banques sont depuis toujours le sponsor numéro 1 hypocrite de ce statut qui ne protège pourtant plus grand monde depuis longtemps dans le secteur professionnel.
Les plus jeunes d’autre nous en font même la caricature d’un univers professionnel dépassé et archaïque, pétri de statuts et autres conventions en décalage total avec leur envie de liberté et d’indépendance. De plus en plus nombreux à faire « l’entreprise buissonnière » ( je vous invite à lire « La Révolution du non » aux éditions Eyrolles), ils le transforment à leur avantage sans s’en sentir nullement dépendants. Il ne s’agit en aucun cas « de perdre sa vie à la gagner » et contrairement aux idées reçues, l’arrêt des embauches dû à la crise du Covid-19 associé à la précarité sociale annoncée partout ne changera en rien cette perception.
Plus aucun jeune ne veut se sentir « propriété d’un employeur » et dépendant d’une forme contractuelle sur le long cours.
L’enjeu pour les entreprises, par-delà le Code du travail et l’ensemble des DRH, est d’inventer les nouvelles formes de relations contractuelles professionnelles.
Les questions existentielles inhérentes à la période du confinement vont accélérer les mutations saillantes depuis dix ans au profit d’une indépendance croissante des salariés face à leurs employeurs. Face à une génération « hors cadre » et des usages de vie inédits, qui peut croire que l’étiquette de cadre fasse rêver ?
Le contrat doit être le reflet de l’esprit de la relation et non plus de la posture sociale, puisqu’après quarante ans de yoyo social, tout le monde a compris que la protection sociale contractuelle est une chimère d’un contrat social non viable.
L’enjeu étant de revaloriser durablement la valeur travail pour gommer les dérives de l’égalitarisme qui a remis en cause l’ascenseur social français, il y a urgence à valoriser le contrat de mission-partenariat pour en faire un outil évolutif du parcours professionnel; ce contrat de mission ou contrat de partenariat doit permettre de sortir de la dialectique éculée de notre dialogue social en tournant le dos aux relents de luttes de classes au profit d’une responsabilisation accrue des personnes.
Derrière la notion de contrat de partenariat qui remplacerait de fait toutes les formes de contrats actuelles (CDI,CDD et intérim), il s’agit de valoriser la mission avant tout et les engagements mutuels pour libérer les énergies et l’innovation.
Le CDI ankylose les relations au travail et son corollaire le chômage.
En changeant la nature contractuelle, nous devrons aussi passer d’un chômage d’assistance à un chômage de responsabilité « utile » au sens période de transformation en vue de décrocher de nouveaux contrats de partenariat.
Le contrat de partenariat positionne l’individu dans une relation gagnant/gagnant objective. Cela impose de la part de l’entreprise de savoir valoriser sa raison d’être et de sortir de la langue de bois corporate et pour le salarié de maîtriser toutes les composantes de son employabilité. Chaque contrat de partenariat devant garantir une clause de formation et/ou d’évolution de compétences, forme de bonus non pas numéraire mais de progression sociale/professionnelle.
A un moment où l’on parle de revenu universel, d’explosions des organisations au profit de nouveaux modes de vie (à commencer par le télétravail), de nouvelles formes de leadership, le CDI apparaît comme un verrou à faire sauter pour oser inventer pleinement une nouvelle relation au travail et pourfendre le statu quo pathétique tripartite entre les syndicats, le patronat et les politiques.
Le contrat de partenariat/mission est une opportunité pour contribuer à un nouveau pacte social.