Monsieur Le Maire de Mordelles (35310),
Monsieur Poirier, chef de l’opposition à Mordelles,
Copie Monsieur Le Président de la République, par le site de la Présidence
Copie Monsieur Le Premier Ministre, par le site de Matignon
Copie la rédaction du quotidien Le Monde, pour témoignage
Monsieur Le Président de la République,
Monsieur Le Premier Ministre,
Monsieur Le Maire de Mordelles,
Monsieur Poirier,
Messieurs,
Je m’appelle Robin SAUZET, je suis citoyen français depuis 47 ans vendredi prochain et mordellais depuis le 08 octobre 2001.
Toute ma vie j’ai cru vivre dans un pays riche où notre système social financé par un régime fiscal développé était au service en particulier des plus démunis qui souvent sont aussi les plus faibles…
Ce n’est de toute évidence pas vrai partout… peut être pas vrai du tout.
Ce jour, 26 février 2018, j’ai croisé sur le parking du Super U de ma commune (Mordelles, 35310), un homme accompagné de son chien et vêtu d’un petit pull, d’un blouson mi saison, d’un jogging et… de pantoufles pourries mais pieds nus dedans… pieds nus par 0 degré.
Cet individu je l’avais remarqué samedi dernier au même endroit, cet homme était toujours là aujourd’hui.
Il n’a pas l’air méchant, il n’a pas bu à priori, il est perdu, il sourit et il n’ose pas s’approcher des gens et je pense que par 0 degrés il a froid… mais je peux me tromper.
Je me suis aujourd’hui inquiété pour lui et très honnêtement c’est la première fois de ma vie que je m’inquiétais pour quelqu’un que je ne connaissais pas sur un parking de Super U par grand froid.
Ma première réaction fut d’aller à la Mairie de Mordelles pour signaler son cas et solliciter une action d’aide sociale car naïvement je pensais que dans mon pays où on m’a toujours vanté la solidarité nationale (mes parents m’ont toujours éduqué dans ce sens là en tout cas et j’y croyais) il y aurait quelqu’un ou quelque service ou quelque relais public pour aider cet homme… en particulier au niveau local.
La secrétaire à l’accueil a appelé quelqu’un, qui ne s’est pas déplacé, qui lui a demandé de me donner les coordonnées du CIAS -les coordonnées n’étaient pas bonnes soit dit en passant amsi têtu que je suis j’ai fini par les trouver- de mon village de 8000 habitants.
Pour moi mais j’admets que j’étais alors dans l’émotion c’est se débarrasser d’un problème sans vouloir aucunement s’en préoccuper, c’est totalement déshumaniser la relation sociale que devrait assumer une Mairie au niveau locale.
Il y a normalement à minima un élu pour se préoccuper de ces cas.
J’ai appelé le CIAS mais eux non plus ne pouvaient rien pour ce Monsieur car cela ne rentrait pas dans leur délégation… si il avait été demandeur d’un logement alors là oui ils auraient traités son cas.
Mais quelqu’un dans la rue par zéro degré en pantoufle et pieds nus non.
Ils m’ont donné les coordonnées du SAMU social, le 115.
J’ai appelé le SAMU social mais le SAMU Social qui ne fonctionne qu’avec des bénévoles sur Mordelles n’intervient pas avant 21 heures à Mordelles car je cite « ils n’ont pas les moyens » de faire mieux dans un pays où les dépenses publiques du pays en question sont de 1 225 milliards d’euros. Dans ce pays où les dépenses publiques du pays en question sont de 1 225 milliards d’euros on ne peut financer une intervention en journée pour aider un Homme qui requiert aide et attention.
Donc Le SAMU Social m’a donné les coordonnées des pompiers.
J’ai fait le 112 et le 112 m’a répondu que si ce Monsieur n’était pas blessé alors intervenir dans ce cas « n’entrait pas dans leur délégation », je cite.
Et le 112 et le 115 m’ont demandé si je ne pouvais pas intervenir à titre privé pour ce Monsieur.
Il est prévu qu’à 20h30 je retourne au Super U de Mordelles pour voir si la personne est toujours là et éviter l’intervention du 115 de manière inutile… si ils ont des bénévoles pour intervenir ce dont ils ne sont pas sur à l’heure où j’écris ces lignes ils pourront ou pas intervenir selon les infos que je leur donnerais.
En tant que citoyen français, en tant qu’individu, en tant qu’Homme je ne peux pas accepter cette situation…
Je ne peux accepter que dans le pays des Lumières, dans le pays de tant de Grands Hommes qui ont façonné ce Monde avec de grandes idées, je ne peux pas accepter avec l’éducation que mes parents m’ont donnée, je ne peux accepter avec mes convictions de parents tout simplement, je ne peux accepter de vivre dans ce pays où un individu parce qu’il est faible, je ne peux accepter que notre système ne puisse rien faire pour lui…
Je ne peux pas.
Je ne peux pas accepter d’avoir été aussi naïf et pensé que le plus faible d’entre nous serait protégé dans le besoin au lieu d’être laissé au mieux à l’aide privée, au pire à lui même.
Je ne peux pas et pourtant.
Robin Sauzet