Et si on parlait du côté obscur de l’innovation… ?

dark vador -)

On trouve sur Wikipedia cette définition de l’innovation…

« Une innovation est une nouveauté, un nouveau produit, un nouveau service ou un nouveau bien qui a pu être implémenté ».

Admettons cette définition, elle est simple et suffisamment claire pour intégrer de nombreux concepts.

Le bon côté ?

Aujourd’hui, l’innovation est aux yeux de nombre de dirigeants d’entreprise (je n’ai pas dit entrepreneur), de penseurs, de politiques et d’économistes le Graal.

L’innovation, il faut s’y accrocher car c’est ce qui permet de  s’alléger, de devenir plus agile et finalement l’innovation cela permet de sauver son entreprise, son économie, son poste, c’est la solution à tous nos problèmes car ne plus avancer, ne pas mutualiser, c’est disparaître.

c’est vrai qu’il faut sans cesse avancer et souvent remplacer ou supprimer pour satisfaire les besoins de chacun… le système ne pouvant accepter de stagner et à la fin tout le monde voit dans l’innovation la planche de salut de l’économie occidentale « face » aux pays émergents… par exemple.

L’innovation est donc une manière d’améliorer une situation.

La notion de création destructrice de Schumpeter (Wikipedia encore) est souvent perçue une définition des conséquences positives de l’innovation:

« La « destruction créatrice » désigne le processus continuellement à l’œuvre dans les économies et qui voit se produire de façon simultanée la disparition de secteurs d’activité économique conjointement à la création de nouvelles activités économiques. »

En permanence, un vieux système est remplacé par un nouveau.

Ce qui est ancien disparaît au profit de la nouveauté et le résultat au final est une amélioration de l’ensemble d’un point de vue économique, technologique et social.

Mais ?

Luc Ferry a eu une autre lecture des réflexions de Schumpeter sur l’innovation et oppose dans son ouvrage « L’innovation destructrice » à la notion de « Destruction créatrice ».

  nota : j’ai lu le livre… 🙂 donc on peut ne pas être d’accord sur la suite mais c’est ma lecture de l’ouvrage que je mets dans ces lignes et l’accord que j’ai avec l’auteur.

Le penseur français se proposait d’aborder sa vision du côté obscur de l’innovation.

En partant de quel constat et dans quel objectif ?

L’homme a rarement eu aussi peur de son devenir – cette peur qui abêtit et asservit selon Ferry –alors que dans l’histoire, nous n’avons jamais eu à notre disposition autant de libertés, de capacités à agir.

Luc Ferry admet que l’innovation permanente est un moteur de l’économie et une nécessité vitale à la survie de toute entreprise humaine et concerne aussi bien l’économie que la morale et/ou l’art par exemple.

Mais elle paralyse autant qu’elle entraîne, car de prime abord elle fait peur.

La question que se pose alors l’auteur est la suivante : l’Homme tombera-t-il du bon côté, celui de l’innovation salvatrice qui fait avancer, ou du mauvais, celui de la destruction mortifère qu’il prête en partie à Schumpeter?

« Il y a un côté tragique de l’innovation qu’il faut prendre en compte ».

Le constat aujourd’hui est que l’innovation, malgré tous les bienfaits qu’elle apporte possède aussi une face cachée, un côté obscur, dont les ramifications vont bien au-delà de la seule sphère marchande et touche toutes les strates et tous les secteurs de la société et qui se concrétise par un sentiment de rejets et de peurs.

Ce sont ces ramifications que l’on oublie souvent sous couvert de discours convenus et rassurants mais qu’il faut explorer si l’on veut comprendre et, le cas échéant, lever les réticences que suscite aujourd’hui la logique dominante de l’économie moderne.

Pourquoi alors parler d’innovation destructrice plutôt que de destruction créatrice ?

« Laisser tomber dans l’eau son iPhone 4 donne rarement naissance au 5 ; en revanche, l’invention du 5 rend peu à peu caduc le 4 ! »

Vitale mais angoissante logique de l’innovation pour l’innovation 🙂

De l’autre côté de l’Atlantique, la blogueuse américaine Jill Lepore, professeure d’Histoire américaine à Harvard, souligne aussi que le terme « innovation » ne connaît pas de connotation positive en américain et aujourd’hui il se serait substitué à la notion de « progrès » dans le vocabulaire usuel contemporain.

Cela implique nous aurions renoncé à toute amélioration de la condition humaine vers le meilleur, à tout Progès.

De plus, la dissociation de l’innovation et du Progrès révèle le paradoxe de notre Temps : en effet, dès le 18ème siècle, la notion de « Progrès » est indissociable d’une finalité, là où la notion d’innovation, beaucoup plus neutre, ne désigne que le fait de produire du nouveau, sans que celui-ci ne soit positif ou négatif.

Là où le Progrès recherche une amélioration de la condition humaine, l’innovation ne se contente que de créer de nouveaux produits et de les lancer sur le marché, quel que soit le marché.

Dans ce cas, l’innovation ne serait-elle pas le progrès dénué des valeurs des Lumières ?

Nous aurions donc renoncé aux valeurs héritées des Lumières.

Et en contrepartie de ce renoncement, nos outils techniques deviendraient de plus en plus sophistiqués.

La sophistication technique s’est donc substituée à la recherche de sens ?

Si l’on se réfère aux réflexions récentes venant des deux côtés de l’Atlantique, on se retrouve face à un triple constat :

  • l’innovation est destructrice mais ne doit pas être que cela au moment où l’Homme n’a jamais eu à sa disposition autant de libertés et de moyens,
  • L’innovation technique connaît une amélioration continue et constante, à l’image de la vitesse des microprocesseurs qui suivent la loi de Moore, selon laquelle le nombre de transistors des microprocesseurs sur une puce de silicium double tous les deux ans.
  • Mais, en même temps, cette innovation technique, dont la vocation originelle est d’apporter des outils pour améliorer la condition humaine, ne crée plus les conditions du Progrès qu’elle devait pourtant accompagner…

Nous avons là un paradoxe qu’il va falloir gérer…

Et il devient donc urgent d’imaginer comment concilier l’innovation technique avec un projet socio-politico-culturel afin d’améliorer la condition humaine dans son ensemble.

On peut conclure que le côté obscur de l’innovation est aujourd’hui l’absence de Progrès mais qu’avoir conscience de cela et fonder un projet de société comme d’entreprise sur un bon équilibre entre innovation technique/technologique et Progrès humains nous permettra de considérer ces deux piliers de notre société comme la renaissance de la Force, son bon côté…

pink vador -)

Joyeuses fêtes et rendez vous en 2018…

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