Ne faudrait-il pas adapter le numérique aux -vrais- défis du siècle ?

Croissance-verte-illustration

L’édition 2020 du CES (Consumer Electronics Show), grand-messe des technologies électroniques et numériques, qui s’est tenue à Las Vegas, a glorifié, une fois de plus, une intelligence artificielle et des algorithmes au seul service du business, du marketing et de la publicité.

Soit…

Autrement dit au service d’une croissance économique sans limite.

Sans doute, utiliser l’intelligence artificielle pour relever les grands défis de ce siècle que sont le dérèglement climatique et l’érosion de la biodiversité semble moins attrayant, s’avère moins rémunérateur pour la filière numérique et toutes les activités économiques connexes.

Mais à l’heure où une grande partie de l’Australie est en flammes, à l’heure où les scientifiques du GIEC prévoient des scénarios de température moyenne globale pouvant atteindre jusqu’à + 7 °C en 2100 par rapport à la période préindustrielle, à l’heure où la majeure partie de notre biodiversité est dramatiquement en train de s’éteindre – en Europe, nous avons perdu un tiers des oiseaux en quinze ans et 80 % des insectes volants ont disparu en trente ans –, il est me semble-t-il impératif de soutenir une mutation vers un numérique plus sobre, réellement efficace et surement plus responsable dans nos entreprises, nos universités, nos administrations, nos territoires…

Actuellement, l’économie numérique apporte son lot de futilités ou de cybermenaces ; l’intelligence artificielle, son lot d’inquiétudes quant à l’éthique ; l’usage du streaming, sa production astronomique de carbone ; les objets connectés, leur consommation boulimique de terres rares.

Pour autant, ces technologies peuvent aussi et devraient nous permettre d’imaginer des modèles météorologiques plus performants, une meilleure mesure des polluants dans l’air, d’accélérer des solutions fondées sur le biomimétisme, d’accompagner une agriculture plus vertueuse basée sur l’agroécologie.

Elles peuvent également nous permettre de bâtir des communautés citoyennes toujours plus réactives, d’élaborer des suivis détaillés des effluents de nos industries ou bien encore d’analyser des écosystèmes complexes dont nous devons rapidement comprendre le fonctionnement, la fragilité, mais également le potentiel, pour mieux les respecter et les préserver.

Outre l’évidente plus-value dans le domaine de la recherche et de la santé, les techniques et métiers associés à l’intelligence artificielle doivent nous permettre de décloisonner les disciplines, de produire des données environnementales et de démocratiser des technologies abordables pour les entreprises de nos filières vertes et celles que nous devons accompagner dans leur « verdissement ».

Surveiller et protéger l’environnement en s’appuyant davantage sur l’intelligence artificielle est un mouvement déjà engagé, me direz-vous ; mais entre les programmes des chercheurs de nos laboratoires sur la biodiversité et la puissance des applications développées par Google, Microsoft et autres géants, il y a un gouffre économique, technique et éthique.

C’est le marqueur d’une puissance publique qui s’est résignée au seul accompagnement du progrès technologique, sans poser comme première condition la recherche du bien commun.

C’est aussi -et je l’avais écrit dans un précédent post- un marqueur actuel de l’innovation… le côté obscur de l’innovation est qu’elle n’est probablement pas ou plus au service de l’Homme contrairement au progrès au temps des lumières…

Il faut réorienter les politiques consacrées au numérique vers une meilleure gestion des ressources naturelles et des flux, une production énergétique durable, des choix numériques engagés vers tout ce qui peut contribuer à la préservation de la vie sur notre planète.

La transition écologique et technologique exigent de notre part, femmes et hommes politiques, chefs d’entreprise, citoyens, une stratégie de sérieux technologique, porteuse de sens pour les jeunes générations. Ce sens, les jeunes générations l’appellent de leurs vœux.

Ils savent dorénavant que, pour des questions de survie, l’humain ne peut plus se penser comme le centre du monde, même si nos écrans contribuent à entretenir cette illusion 😊

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